Du Fond des Brumes

L’atmosphère tout à la fois mystérieuse et profondément spirituelle des histoires mystiques que nous propose Édouard Salim Michaël détache le lecteur du monde ordinaire et le rend réceptif aux vérités profondes exprimées dans les commentaires.

La valeur de ces contes intemporels, empreints d’une poésie tout orientale, résulte essentiellement du fait qu’ils sont nés sous la plume d’un maître spirituel dans l’intention d’éveiller le lecteur à l’urgence de consacrer sa vie à la découverte du trésor infini qu’il recèle au tréfonds de son être.

Les conférences qui constituent la seconde partie de ce livre tracent les lignes essentielles de l’enseignement d’Édouard Salim Michaël, un enseignement au delà des dogmes qui s’adresse à tous les chercheurs, quelle que soit la voie qu’ils suivent.

L’engagement total de Salim Michaël au service de la vérité et de la compassion transparait à travers chaque page de cet ultime ouvrage de lui qui parle au coeur comme à l’intellect.

Le lecteur y trouvera à la fois l’inspiration et des conseils éminemment concrets, fruits de la réalisation personnelle de son auteur.

Arnaud Desjardins

La découverte d’Edouard Salim Michaël, pour moi tardive, m’a profondément touché car j’ai découvert un être d’une réalisation spirituelle exceptionnelle, atteinte malgré des conditions de départ très défavorables.
Surtout j’admire ses qualités pédagogiques, sa justesse pratique et ses qualités de conteur pour les illustrer de façon touchante, mais, à un niveau plus profond, je retrouve une vision spirituelle que je partage entièrement.

Salim Michael vivait ce que l’on appelle tantôt la philosophie éternelle, la philosophia perennis, tantôt l’unité transcendante des religions. Il avait manifestement atteint ce point central d’où l’on peut voir les grandes religions comme des chemins convergents qui permettent tous d’atteindre l’au delà des formes relatives.
Bien entendu, je me sens à l’aise dans ses enseignements qui utilisent souvent l’esprit et le vocabulaire du bouddhisme que je pratique depuis que je suis membre d’une congrégation religieuse tibétaine.
Mais, bien au delà de ce partage de famille, je suis sensible à l’esprit universel qui permet à Edouard Salim Michaël d’unir les grandes traditions de l’humanité dans un même discours et une même pratique.
Y a-t- il aujourd’hui, dans nos conditions de coupures conflictuelles, tâche plus urgente que de réunir harmonieusement ce qui est séparé ?

Jean Pierre Schnetzler

Note de lecture du magazine le 3ème Millénaire automne 2008 – n° 89

C’est du fond de nos brumes intérieures que retentit l’appel sacré vers la source de notre Etre. Mais cet appel est rapidement oublié, recouvert par nos préoccupations du moment toutes tournées vers ce qui, en ce monde, nous attire. De quoi sont faites nos attirances, et de quoi nous éloignent‑elles ? “La plupart des hommes et des femmes qui peuplent cette planète ne vivent que superficiellement, depuis la surface d’eux-mêmes. Aussi, tout ce qu’ils font et éprouvent durant leur bref séjour sur Terre ne laisse aucune trace en leur être.”

C’est ainsi que surgit parfois le sentiment étrange d’être inachevé, que nous ne sommes pas à notre place. Or, accéder aux plus hautes vérités de notre Etre,  notre véritable place, nécessite de percer la gangue des illusions que, jour après jour, nous laissons se solidifier.

Le travail auquel invite Salim Michaël repose sur la concentration et l’attention vigilante, en tout instant, en tous lieux, car “seule la pratique constante de la méditation et d’exercices de concentration (dont la difficulté rebute la plupart des gens) permettra à l’aspirant de s’arracher à l’aspect inférieur de sa double nature…” C’est apprendre à demeurer présent, donc à ne plus être ballotté par le flux des émotions, de la rêverie et des pensées machinales passant comme des ombres sur les murs de la caverne de notre tête.
La première partie de l’ouvrage consiste en de courtes histoires imaginées par l’auteur, sur un mode oriental, mettant en scène des personnages dont la quête du Divin éclaire la vie et celle des autres ou qui, au contraire, se retrouvent face aux conséquences de leur vide intérieur.

Chaque histoire est éclairée par des commentaires, mettant en relief les aspects divers que peut revêtir une telle quête, les ressorts de l’âme qui poussent à agir, fuir ou s’engager avec intensité dans une pratique spirituelle : “Je forme le souhait que ces contes ouvrent le lecteur au mystère et suscitent en lui un questionnement quant à l’énigme de son existence”.

Dans une deuxième partie, le lecteur trouvera des conférences données par l’auteur dans lesquels on retrouve la densité particulière de la vision et de la compréhension de Salim Michaël suivies de dialogues avec les auditeurs sur les thèmes de la mort, de la sexualité et du travail sur soi.

Avant-propos

L’homme contemporain est dramatiquement conditionné à n’accorder de réalité qu’au tangible, qu’à ce qu’il peut voir et toucher, ou à ce qui peut lui être démontré de façon « scientifique », en ignorant tout un pan de la réalité qui ne peut être appréhendé qu’intérieurement.

Malgré la faculté d’un certain degré de réflexion dont il est doté, à cause de son aveuglement et de sa fascination pour le tangible, il ne peut s’empêcher de vouloir appréhender toutes choses, inclus l’Univers et le mystère de la Création, en les évaluant uniquement de manière quantitative. La qualité de ce qu’il observe ne l’intéresse apparemment pas, il lui est en effet possible de voir et de mesurer les “quantités” de matière dont sont composés les objets qu’il étudie, mais, parce que la “qualité” de ceux-ci (qui est, de loin, plus importante) est inaccessible à ses organes sensoriels, il ne lui accorde que peu de valeur ou pas du tout.

C’est la raison pour laquelle la profondeur d’un sentiment, la beauté d’une oeuvre d’art, l’élévation d’une expérience mystique — qui constituent autant d’expériences qu’il est impossible de mesurer quantitativement — demeurent le plus souvent hors de portée de la masse de l’humanité dont l’intérêt n’est tourné que vers le tangible.

Nul ne peut nier le fait que son incapacité à percevoir les pensées et les sentiments d’autrui avec ses organes sensoriels ne rend pas ceux-ci moins réels pour autant. De même, ce n’est pas parce que des dimensions non spatio-temporelles sont, de par leur nature, invisibles que l’on peut se permettre de nier leur existence. D’ailleurs, le Temps n’est-il pas une dimension qui, bien qu’invisible, n’en est pas moins réelle ?

L’être humain ne peut éviter d’être une créature d’habitudes. Il s’est familiarisé avec une certaine forme d’existence à laquelle il s’est attaché et, par conséquent, toute connaissance se situant au delà du temps et de l’espace, qu’il peut mystérieusement recevoir d’un autre monde en lui, mais qui met en danger sa croyance dans le visible qu’il considère comme étant la seule réalité possible, l’effraie ; la relativité de la réalité du tangible lui échappe.

Le visible a acquis une telle réalité pour lui qu’il ne peut que demeurer à son insu prisonnier de ce que son mental construit à partir des informations incomplètes, ou même inexactes, transmises par ses organes sensoriels limités — à moins que le destin ne le mette en contact avec quelqu’un qui puisse l’arracher suffisamment à lui-même et à sa manière habituelle de concevoir la vie. Ce n’est que par un travail spirituel spécifique qu’il pourra arriver à pressentir que ce qu’il avait jusqu’alors regardé comme une réalité absolue n’est que partielle (puisque changeante selon les conditions et les différentes perspectives depuis lesquelles on l’observe) et qu’il existe, à l’arrière plan du visible, une Tout Autre Réalité que le langage et les organes des sens ne peuvent lui révéler. Il lui faut, au moyen d’une pratique intense de la méditation, arriver à La découvrir en L’expérimentant à travers un aperçu intérieur direct.

Toute compréhension spirituelle, toute vérité réalisée intérieurement n’appartiennent qu’à celui qui les expérimente, qui ne peut que tenter, de façon forcément inadéquate, de partager son expérience avec d’autres ; mais, pour que ceux-ci puissent véritablement la connaître, ils devront suivre le même chemin, c’est-à-dire fournir des efforts spirituels identiques.

Il est impossible à l’homme contemporain, conditionné par la toute puissance d’une science matérialiste, de comprendre que ces vérités intérieures ne peuvent être appréhendées intellectuellement ni démontrées de manière tangible ; aussi, lui demeureront-elles inaccessibles tant qu’il reste ce qu’il est habituellement, car elles nécessitent un niveau d’être et une qualité de conscience tout à fait différents de ceux que l’on connaît communément. Ce n’est que par une perception intérieure que l’on peut espérer parvenir à découvrir la Réalité Ultime.