S’éveiller, une question de vie ou de mort

S’éveiller est une expérience à connaître ici et maintenant grâce à des efforts spécifiques. et non une perspective future, un espoir indéterminé qui serait indéfiniment éloigné dans le temps.

Dans cet ouvrage, Edouard Salim Michaël enseigne l’importance décisive d’une perception différente du temps, pour toucher un autre état d’être et de conscience depuis lequel il est possible d’être libre de la loi de l’enchainement des causes et des effets.

Il porte un regard pénétrant sur les différents aspects de la réincarnation ainsi que sur le vœu du Bodhisattva. Il montre la puissance des états prédominants dans le processus de la récurrence, dans cette vie même ou dans une autre vie, et il expose la relation intime existant entre le phénomène des rêves nocturnes et l’état d’après la mort.

Tous ces enseignements sont les fruits d’une pratique assidue de concentration et d’attention vigilante pendant plus de cinquante ans.

Au delà des dogmes, Edouard Salim Michaël partage ses expériences et les compréhensions qu’il en a retirées. Il dévoile les hauteurs spirituelles qu’il est possible d’atteindre si l’on fournit les efforts appropriés.

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt « S’éveiller, une question de vie ou de mort », et je veux dire combien je l’ai apprécié.

L’Esprit qui s’y manifeste est celui, universel, qui souffle dans toutes les grandes religions, non différente de celui du Bouddha, qui est d’ailleurs abondamment cité.

Pour parler comme les Bouddhistes, la Nature de Bouddha peut se révéler dans tous les êtres, même chez celui qui n’a pas reçu extérieurement l’enseignement.

Je me réjouis de la découverte que Salim Michaël a effectuée, seul, mais au bénéfice aussi de tous ceux qu’il en a fait profiter.

Jean Pierre Schnetzler   mai 2002

Extrait du chapitre 13 : Etats Prédominants et récurrence

En raison du fait que les niveaux d’être et de conscience de la majorité des chercheurs sont généralement loin d’être suffisamment élevés pour leur permettre de pénétrer des énigmes qui se réfèrent à un domaine mystique, il leur est difficile, voire impossible, de comprendre que non seulement la récurrence est un phénomène qui pourra se produire pour eux dans une autre existence qui les attend peut-être dans un futur indéterminé, mais qu’en réalité, elle se manifeste déjà, de leur vivant, à un certain degré et de façon plus ou moins évidente.

Si l’aspirant peut se décoller de lui-même pour quelques instants afin de s’examiner objectivement — ce qui lui demande un effort particulier qui lui est inhabituel et n’est pas facile à fournir —, il en viendra à découvrir les différents états d’être qui lui sont devenus coutumiers et qui se réveillent constamment en lui, reprenant possession de son être à son insu. En outre, il remarquera les nombreux actes qu’il répète tous les jours de sa vie et qu’il accomplit sans d’ordinaire en être conscient. De surcroît, il verra que des pensées précises, qui sont devenues une tendance tenace en lui, lui reviennent souvent — ou même continuellement — sans qu’il puisse trouver la force de s’en détacher ; ou encore, il s’apercevra que le souvenir de certains événements agréables ou désagréables qui l’ont spécialement marqué resurgit en lui à certains moments et qu’en dépit de sa volonté, il s’y identifie émotionnellement à son détriment. De plus, il constatera qu’il ne peut s’empêcher de vouloir répéter des propos qui lui sont devenus habituels, sans qu’il lui vienne à l’esprit de les mettre en question. Et il ne faut pas non plus oublier les innombrables mouvements physiques qu’il exécute automatiquement tout au long de la journée, dans un état d’absence à lui-même. Tout cela constitue une forme de récurrence, plus ou moins subtile, qu’il ne pense pas à reconnaître comme telle, et dont, sans le soupçonner, il se trouve en quelque sorte être la victime.

Par leur constante répétition inconsciente et machinale, ces états, pensées, images, émotions et gestes deviennent une manière d’être qui le conditionne et le plonge dans une sorte de torpeur mentale, ou plutôt, dans un sommeil diurne très particulier qui lui obstrue la voie vers son Être Céleste, l’empêchant ainsi de connaître la Vraie Vie qui lui est destinée.
(…)

Ces états prépondérants (tristesse, appréhension, angoisse, agitation, etc.) qui resurgissent en lui dans le courant de la journée et auxquels, à son insu, il s’identifie émotionnellement suscitent en lui, de façon récurrente, des imaginations et des pensées liées à certains événements et expériences spécifiques qu’il a traversés et auxquels, de la manière la plus étrange, et même absurde, il est devenu attaché. Or, cet attachement l’aveugle et lui interdit de se rendre compte de ce qui lui arrive constamment, l’empêchant par conséquent de réaliser l’importance pour lui de chercher les moyens de s’en libérer. La force de l’emprise de ces états sur sa psyché lui rend d’autant plus difficile la perception et la compréhension de leur récurrence en lui.

Il demeure de cette façon prisonnier du passé, et le présent, qui seul peut lui ouvrir une porte vers de nouvelles perspectives et des compréhensions supérieures sur la vie et sur lui-même, lui échappe.

Aussi, s’avère-t-il indispensable pour le chercheur de prendre conscience qu’il lui est possible de briser les liens qui l’enchaînent à ces états émotionnels — qui ne cessent de le conditionner à son détriment — s’il comprend suffisamment l’effet indésirable qu’ils ont sur sa psyché. Il verra alors la nécessité impérative pour lui de parvenir, pendant sa méditation, à être plongé dans une absorption intérieure si profonde qu’il en vienne à perdre complètement son individualité coutumière — rivée indissolublement à ces états défavorables et devenue pour lui le moyen par excellence de sentir qu’il existe — pour découvrir en son être ce que les Bouddhistes appellent le Dharmakaya Éternel, qui est sa Nature Primordiale, la Source d’où il a originellement émergé.

L’aspirant sera aidé dans ses efforts pour connaître ce qu’il recèle en lui s’il peut réussir à saisir, par un aperçu direct, que l’évolution de l’Univers et sa propre évolution sont, d’une manière énigmatique qui échappe à la logique ordinaire, étroitement liées. Il lui faut, grâce à d’intenses pratiques de méditation, arriver à reconnaître que l’Univers ne se trouve pas seulement en dehors de lui-même, mais, de la manière la plus étrange, aussi en lui. En fait, il le porte mystérieusement en son être, sans pouvoir communément l’appréhender.

Si l’Univers et l’Infini sont Un, et que l’Infini est en l’être humain, par conséquent, l’Univers aussi est en l’être humain. Ainsi, l’évolution de l’être humain à un tout autre plan d’être et de conscience se révèle-t-elle être aussi l’évolution de l’Univers. Quelle lourde responsabilité l’aspirant se trouve-t-il tout à coup devoir assumer, une responsabilité qu’il ne soupçonnait pas être sienne. Il peut alors appréhender l’immensité du défi qu’il lui est demandé de relever et qui dépasse la compréhension du commun des mortels.

Il lui faut comprendre que cette évolution particulière consiste pour lui, comme il vient d’être dit, à s’élever à un tout autre plan d’être et de conscience, au delà du temporel, que l’on peut appeler sa Nature Originelle ou Nirvâna. En fait, le Nirvâna doit être appréhendé comme étant un état d’être lumineux sans forme, comme l’Impersonnel que l’on porte en soi sans le savoir d’ordinaire.